Pourquoi inscrire la gare de Saint-Pierre du Vauvray (27430) dans l’étoile ferroviaire de Rouen

Dans l’effort de la France pour limiter le réchauffement climatique et faire baisser nos émissions de gaz à effet de serre, le secteur du transport a une importance majeure.

Responsable d’un tiers des émissions nationales de gaz à effet de serre, c’est en effet le seul secteur dont les émissions continuent d’augmenter depuis la période de référence de 1990. La conversion électrique des moteurs ne suffira pas à résoudre le problème : c’est toute la conception de l’urbanisme et des moyens de transport qu’il faut aujourd’hui reconsidérer.

Dans cette transition de nos modes de transport, le train a un rôle primordial à jouer. Par son efficacité énergétique, c’est en effet après la marche et le vélo, le moyen de transport le moins polluant.

En un siècle, le réseau ferroviaire français a été divisé par deux, au profit d’un développement des routes lié à l’étalement urbain et à l’ère du déplacement automobile individuel.

La crise des gilets jaunes en 2018 a illustré les limites de cette politique des transports, quand l’augmentation des prix du carburant rend de plus en plus difficile l’accès à la mobilité dans les zones périphériques.

En 2021, l’Etat français a été condamné par le juge administratif pour son inaction climatique. Le Conseil d’Etat a alors enjoint le gouvernement de prendre de nouvelles mesures pour réduire les émissions de CO2 de la France. C’est dans ce contexte que le Président de la République a créé un secrétariat général à la Planification Ecologique en 2022, et qu’il a annoncé la création de « RER métropolitains » dans une dizaine de métropoles françaises.

La métropole de Rouen s’inscrit dans ce plan de développement des Réseaux Express Régionaux Métropolitains, en partenariat avec SNCF, l’Etat, la Région et l’Agglomération Seine-Eure. Il s’agit de développer le train comme « mode urbain », pour promouvoir l’usage du train comme mode de transport métropolitain.

L’étoile ferroviaire de Rouen se développerait ainsi sur cinq branches :

• au Nord vers Yvetot (36 kms) en passant par Maromme, Malaunay, Barentin, Pavilly et Motteville ;

• vers Auffay (41 kms) en passant par Montville, Clères et Saint-Victor ;

• vers Sommery (39 kms) en passant par Morgny, Longuerue – Vieux Manoir et Buchy

• au Sud vers Bourtheroulde (29 kms) en passant par Sotteville-lès-Rouen, Saint-Etienne du Rouvray, Oissel, Tourville et Elbeuf – Saint-Aubin

• vers Louviers (35 kms) en passant par Pont de l’Arche et Val de Reuil.

Située à 35 kilomètres au Sud de Rouen dans l’Eure, la gare de Saint-Pierre du Vauvray semblerait tout à fait fondée à s’inscrire dans l’étoile ferroviaire métropolitaine du côté eurois.

L’Agglomération Seine-Eure a en effet toute légitimité à bénéficier du réseau express métropolitain, étant partie prenante du pôle métropolitain avec la Métropole Rouen Normandie, et comme bassin d’emploi important – avec des milliers de déplacements quotidiens en provenance et à destination de la métropole.

La gare de Pont de l’Arche verra ainsi ses dessertes passer de 4 actuellement à 12 en fin d’année.

La gare de Saint-Pierre du Vauvray dispose elle aussi d’une position stratégique, au pied d’un pont ouvrant vers le Vexin sur la rive droite de la Seine, avec un trafic de 7000 véhicules / jour selon le dernier comptage du Cerema en date du 22 juin 2022 (étude du département de l’Eure sur la CVCB, la Chaussée à Voie Centrale Banalisée).

De taille comparable à plusieurs communes de Seine-Maritime situées à la même distance au Nord de Rouen, pourquoi Saint-Pierre du Vauvray, avec ses atouts géographiques et une gare existante (fermée en 2019), ne pourrait-elle pas bénéficier des mêmes avantages que les seino-marins pour les habitants eurois du secteur ?

Face à 20 communes desservies en Seine-Maritime, cela n’en ajouterait qu’une cinquième dans l’Eure, à la même distance de 35 kilomètres du centre de la métropole que plusieurs communes situées au nord.

Nos territoires périurbains revendiquent cette coopération avec les métropoles.

L’Eure n’a pas vocation à n’être qu’un réservoir foncier pour des zones logistiques à faible qualité d’emplois, des autoroutes et des villages-dortoirs. Il ne faut pas s’étonner si ces territoires périurbains se sentent méprisés et ont vu exploser dans la dernière décennie les manifestations de gilets jaunes ou le vote pour le Rassemblement National.

C’est aussi une façon pour leurs habitants de revendiquer la même considération que les habitants des villes. Nos territoires ont de nombreux atouts de qualité de vie, avec une forte vocation environnementale, agricole et sociale pour les habitants des villes. Les terres agricoles, les captages d’eau potable, les forêts, les lacs, les rivières, sont une ressource qui profitent à tous. Préservons ce cadre naturel de haute qualité, et offrons aux habitants des campagnes périphériques, comme à ceux des villes, le moyen de se déplacer et de se rencontrer grâce au train.

Dans l’entre deux-guerres, Saint-Pierre du Vauvray était une gare importante, pour les ouvriers de l’usine de chaussures Labelle, ou pour les adeptes des loisirs d’une station de bord de Seine avec ses hôtels, ses guinguettes, ses concours de pêche, son club nautique et sa course cycliste. Renouons avec ces traditions de convivialité et d’activité, que permettait aussi le train !

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